HISTOIRE

Surplombant la Loire, le Château de Montsoreau a été construit sur les vestiges du XIème siècle du castrum Monte Sorello, mentionné dans un document de 1089.

Montsoreau est composé du mot Mont, qui fait allusion au coteau qui domine le confluent de la Vienne et de la Loire.

Au début du XIème siècle, la seigneurie de Montsoreau était un point stratégique et militaire ainsi qu’un octroi situé sur le fleuve. La forteresse de Monte Sorello appartenait à Gautier de Montsoreau, fervent croyant qui donna en 1101 à Robert d’Arbrissel et Hersende de Champagné des terres pour y édifier l’Abbaye de Fontevraud.

La seigneurie de Montsoreau devient ensuite la propriété de la famille de Savary de Montbazon, puis des Craon et des Chabot.

C’est le mariage de Jeanne Chabot avec Jean II de Chambes qui fait entrer le Château de Montsoreau dans la grande Histoire de France. Conseiller privé du roi Charles VII, il entame la construction du château dans sa forme actuelle à partir de 1450.

Homme de pouvoir, diplomate (Ambassadeur de Venise et de Turquie), il exerce une influence indéniable auprès du Roi. A la Renaissance, de nombreux rois et reines vont ainsi marquer leur passage au château : Louis XI en 1471, Anne de Bretagne et sa fille Claude de France en 1505, François Ier en 1508.

De la moitié du XVe siècle jusqu’au début du XVIème, les enfants de Jean II de Chambes, Jean III, Philippe, Jean IV et Charles jouissent, entretiennent et embellissent le château.

Le XVIIème siècle voit le déclin de Montsoreau. René de Chambes, condamné à mort pour fausse monnaie et faux sel, s’exile en Angleterre jusqu’à la fin de ses jours.

Après la Révolution française, le château est mis en vente puis occupé par dix-neuf propriétaires. Il est à la fin du XIXème siècle dans un état de délabrement avancé.

Au XIXème siècle, au cours de leur voyage le long de la Loire, Turner et Rodin, sont comme de nombreux artistes, fascinés par l’objet esthétique romantique que représente le château.

Grâce au Sénateur de Geoffre, le département du Maine et Loire acquiert dès 1910 les différentes parcelles qui composent le château et entreprend de grandes campagnes de restauration en 1923 et en 1997.


 

Escalier à vis

ARCHITECTURE

Jean II de Chambes fait construire le Château de Montsoreau dans les années 1450, environ soixante ans plus tôt que les autres châteaux de la Loire.

La construction du château dure une dizaine d’années. C’est un chantier colossal : 5000m3 de pierre de tuffeau, 400 quintaux de plomb, 92 000 pierres de taille, 1000 arbres coupés pour fabriquer la charpente…

C’est un édifice précurseur qui marque le passage de l’architecture militaire à l’architecture de plaisance. Les larges baies, les 45 fenêtres à croisées, les 25 cheminées, ou l’attention portée aux problèmes d’hygiène marquent l’attention portée au confort.

Le corps de logis principal, situé en bordure de Loire, est construit en premier.  L’aile droite est construite quelques années plus tard. Deux tours carrées encadrent le corps de logis. À une époque où l’on construit des tours rondes, ce choix avant-gardiste préfigure les pavillons d’angle qui seront construits plus tard.

Le rez-de-chaussée et les caves côté Loire permettent le contrôle de la navigation sur la Loire. L’escalier principal dessert les logis du rez-de-chaussée et du premier étage. La grande salle d’apparat est longue de dix-sept mètres. Elle est éclairée par cinq fenêtres, est chauffée par deux cheminées monumentales.

C’est probablement Jean III de Chambes qui fait construite l’escalier côté cour, dont la cage polygonale est couverte d’une terrasse. Il est décoré de pilastres bordant les fenêtres, de médaillons à l’antique, de putti d’inspiration italienne et de candélabres portés par des pattes de lion. A l’intérieur, l’escalier à vis débouche sur une sublime voute en palmier.
Les terrasses (35 mètres de haut) desquelles on peut aujourd’hui admirer la vue sur la confluence de la Vienne et de la Loire sont les vestiges de l’ancien chemin de ronde effondré au XIXème siècle.

 

LE CHÂTEAU DE MONTSOREAU ET LES ARTS

Par son architecture avant-gardiste et son lien fort avec le fleuve, le Château de Montsoreau inspire les artistes à travers les siècles, de Rodin à Turner, Flaubert, Rabelais et Alexandre Dumas.

Alexandre Dumas 

Ecrit entre 1845 et 1846 le roman d’Alexandre Dumas “La Dame de Monsoreau” s’inscrit dans une trilogie d’Alexandre Dumas sur la Renaissance qui regroupe : la Reine Margot, les Quarante Cinq et la Dame de Monsoreau. Ce roman conte l’histoire d’amour entre Louis Clermont, seigneur de Bussy d’Amboise et Diane de Méridor, épouse du comte de Montsoreau.  Le contexte politique met en scène les troubles politiques et religieux sous le règne d’Henri III. Prenant quelques libertés avec l’Histoire, Alexandre Dumas confronte les personnages de Charles de Chambes, Comte de Montsoreau, Françoise de Maridort, son épouse et Louis de Clermont d’Amboise, Seigneur de Bussy, l’amant.
L’intrigue se déroule en 1578, six ans après le massacre de la St-Barthélémy. Succédant à son frère Charles IX, Henri III débute son règne dans un pays divisé par les luttes entre catholiques et protestants et doit faire face à de nombreux complots dirigés par son frère François de France. Ce dernier s’offre les services d’un gentilhomme Louis de Bussy d’Amboise qui lors d’une embuscade sera blessé puis soigné par Diane de Méridor, épouse du Comte de Montsoreau. L’idylle naissante entre les deux amants provoquera la jalousie et la vengeance de la part du Comte.

La fortune de La Dame de Montsoreau dans l’histoire de la musique et du cinéma est immense.  Elle est adaptée en opéra en 5 actes et 7 tableaux par Gaston Salvayre (livret d’Auguste Maquet) et jouée au Théâtre de l’Opéra à Paris en 1888.
Roman à succès, il est pris pour sujet pour l’un des tout premiers films muet de l’histoire du cinéma en 1909, « La signora di Monsoreau » réalisé par Mario Caserini. A leur tour, Emile Chautard en 1913, René Le Somptier en 1923, Yannick Andréi en 1971 et Michel Hassan en 2006 vont l’adapter au cinéma et à la télévision.

William Turner 

Dans l’aquarelle conservée à l’Ashmolean Museum, Turner a représenté une vue de la confluence entre la Loire et la Vienne. Elle a été réalisée en 1832 lors de son voyage en Val de Loire. On aperçoit au loin le clocher de la collégiale de Candes Saint Martin et le château de Montsoreau avec son port, restauré et rouvert à la navigation depuis 2017.

Auguste Rodin 

Le gout de Rodin pour les bâtiments et le patrimoine (les cathédrales notamment) l’amène à collectionner les photographies de vues d’architecture.

De 1907 à 1910, il fait remonter, dans son jardin, la partie centrale de la façade du château d’Issy-les-Moulineaux, construit par Pierre Bulet à la fin du XVIIème siècle et incendié en 1871.
Vers 1897, Auguste Rodin, fasciné par l’architecture du Château de Montsoreau, dessine une vue de la façade nord de l’édifice.
Rodin ne dessine pas l’édifice tel qu’il le voit, ni tel qu’il est sous ses yeux – dans un état de ruine avancé – mais dans son intégralité, tel qu’il l’était à la Renaissance.

Gustave Flaubert
Le 8 mai 1847, Flaubert effectue un voyage en Val de Loire en compagnie de son ami Maxime du Camp. Enchantés et séduits par le Val de Loire, ils publient à leur retour l’intégralité de leur carnet de voyage intitulé Par les champs et par les grèves :

« L’Anjou sent l’Italie. Est-ce souvenir ? reste d’influence ? ou l’effet de la douce Loire, le plus sensuel des fleuves ?
A Montsoreau nous tournons gauche et nous prenons la levée qui s’allonge jusqu’à Saumur entre la Loire et les coteaux où les maisons s’entremêlent aux rochers couverts de ronces. Nous allons donc ainsi cheminant joyeux et sans souci, bavards et silencieux, chantant et fumant ; c’était pour nous un de ces jours qui font aimer la vie ».

 

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François Rabelais
François Rabelais est né en 1483 ou 1494 à la Devinière, à 15 kilomètres de Montsoreau. Rabelais y aurait passé ses premières années et y situe l’histoire de Gargantua.
Dans Gargantua, après sa victoire sur Picrochole, Grandgousier récompense ses fidèles serviteurs en leur attribuant ses « châteaux et terres voisines. »
« Et d’abondant à chacun d’iceulx donna à perpétuité […] ses châteaux, & terres voisines selon que plus leur estoient commode. A Ponocrate donna la Roche Clermauld : à Gymnaste, le Couldray : à Eudemon, Montpensier : Rivau, à Tolmere : à Ithybole, Montsoreau : à Acamas, Candes » (Livre I, chap. LII)

 


 

CHRONOLOGIE


VIème siècle : Le domaine de Restis occupe le site de Montsoreau.

990 : Le comte de Blois Eudes Ier transforme le site en place forte.

1101 : L’abbaye de Fontevraud est fondée par Robert d’Arbrissel et Hersende de Champagne sur les terres de Gautier de Montsoreau.

1152 : Henri II Plantagenêt, futur roi d’Angleterre assiège la fortification.

1213 : La seigneurie de Montsoreau devient la propriété de la famille de Savary de Montbazon.

1362 : La famille de Craon acquiert la seigneurie.

1398 :La seigneurie revient à la famille des Chabot.

1424 : Jeanne d’Arc rencontre le roi au château de Chinon.

1450 : Jean II de Chambes achète la forteresse de Montsoreau à Louis II de Chabot.

1450-1460 : Il y fait construire un château.

1473 : Jean III de Chambes succède à son père.

1560 : Jean IV de Chambes hérite de Montsoreau.

1568 : le Château de Montsoreau est pillé par les protestants, la collégiale Sainte-Croix située dans le village est rasée, les fortifications de la ville sont détruites.

1572 : Saint Barthélemy angevine.

1575 : Charles de Chambes devient Comte de Montsoreau et épouse Françoise de Maridor qui inspira à Alexandre Dumas la Dame de Monsoreau.

1634 : René de Chambes, fils de Charles, est condamné à mort comme faux-monnayeur et faux-saunier. Il s’enfuit en Angleterre.

1804 : Marie Geneviève de Chambes, petite-fille de René de Chambes, vend le domaine de Montsoreau.

1910 : Le château est en ruines.

1913 : Le département de Maine-et-Loire acquiert les différentes propriétés qui constituent le château.

1923 : 1ere campagne de restauration

1997 : 2ème campagne de restauration

2001 : Le Château de Montsoreau ouvre à la visite avec un parcours son et lumière intitulé “Les imaginaires de Loire”

2015 : Philippe Méaille, collectionneur d’art contemporain français fonde le  Château de Montsoreau-Musée d’art contemporain.