La poésie est-elle morte ? Quel est le point commun entre  « vide couple »,  « flemme olympique », « bêle bête » et La Recherche du temps perdu ?  L’avènement du numérique a-t-il fait naître un nouveau langage ?
Chacun à sa manière, Étienne Candel et Nicolas Lelièvre détournent, bousculent, façonnent les mots. Des univers nouveaux, déroutants et instables, apparaissent.
On croyait avoir tout dit sur le chef d’œuvre de Proust. C’était jusqu’à ce que Nicolas Lelièvre s’en empare et nous en propose un tout nouvel arrangement. On croyait que le nombre caractères fixés par Twitter limitait nos échanges à des donnés factuelles. C’était jusqu’à ce que les « ironèmes » d’Étienne Candel inondent la toile.

Professeur de lettres modernes, diplômé en littérature comparée et en français langue étrangère,  eMMaNuel vasliN (@emmanuel_vaslin) est un observateur assidu des nouvelles approches du langage.
Il animera la rencontre entre Nicolas Lelièvre et Étienne Candel.

Rencontre – dédicace – verre / librairie du musée
Heure: 16h30 – 18h30
Entrée libre

 

Ironèmes d’Étienne Candel. C’est une boîte qui conserve, sur 47 mètres de rouleau, quelque 900 textes prélevés dans le flux continu d’écriture qui caractérise leur auteur sur les réseaux numériques. Étienne Candel produit en effet, au quotidien, ces altérations minimales du langage. Représentant plusieurs dizaines de milliers de textes sur environ six ans, les ironèmes prolifèrent comme dans un carnet permanent d’écritures sauvages. Lapsus, traits d’esprit, détournements surprenants, faux proverbes, manipulations amusées, expressions erronées, ils détournent la langue de son usage ordinaire et laissent deviner un autre monde possible, d’autres significations, d’autres façons de voir, comme dans les rêves.
Dérobés au flux et désormais conservés dans leur livre-boîte, les ironèmes ainsi publiés font se rejoindre la forme du rouleau médiéval et les défilements contemporains des écrans. Le travail éditorial est signé Peuple caché, collectif discret, activiste du renouvellement des formats.
Étienne Candel travaille dans les marges : d’abord poète sur les espaces libres de ses cahiers de bachot, il explore le champ des ironèmes et en théorise progressivement les contours. Il publiera bientôt une réhabilitation pratique des ordures et encombrants (Discours sur le déchet, à paraître chez Surfaces Utiles, 2019). Dans sa démarche artistique où il fait dialoguer recherche et création, il collabore avec des graphistes, peintres, codeurs. Il prépare actuellement un catalogue et un bestiaire impossible. https://ironemes.peuplecache.com
Twitter: @etienne_cdl

 

Dans l’ordre de Nicolas Lelièvre présente l’intégralité du premier volume d‘À la Recherche du Temps Perdu de Marcel Proust réarrangée dans l’ordre alphabétique. Du récit, des personnages et des situations ne subsiste que la matière première. Feuilleter cette longue liste propose pourtant une véritable expérience visuelle au gré des répétitions et des variations typographiques. Parfaitement arbitraire, le classement produit également de nouvelles associations d’idées et de sensations.
La Recherche « en kit », à regarder plutôt qu’à lire, entre littérature et statistique. Un voyage plastique dans le champ lexical proustien.
Architecte diplômé en 2001, Nicolas Lelièvre s’est d’abord consacré aux images. Si les espaces urbains et la matière des images numériques demeurent parmi ses terrains de jeu favoris, c’est un questionnement plus global du réel qui fait évoluer sa pratique au fil des projets. Chaque proposition examine un fragment précis puisé dans la réalité immédiate et tente d’en construire une pensée à expérimenter. Ces détours visuels, spatiaux ou encore sémantiques font indifféremment appel à la photographie, la vidéo, l’informatique, l’écriture, la construction d’objets ou encore l’intervention in-situ.
www.nicolaslelievre.com